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Waterloo, le 18 Juin 1815
Après 20 années de Campagnes, de Victoires et de défaites, Waterloo ! Le Grand désastre. Depuis 206 ans, les hommes d'Etat essaient de rebâtir ce que, en 15 ans Napoléon avait construit et Waterloo, en 10 heures, détruit.
Chapeau de Napoléon, Mussé de l'Empéri photo Yves Moerman Napoléon Musée Royal de l'Armée Bruxelles
Que serait l'Histoire sans l'Image !
La veille de Waterloo, Musée de l'Armée, Paris
Le matin de Waterloo, Art Gallery, Sheffield
La
bataille de Waterloo
Les
trois coups Napoléon
se trouve au lieu-dit "La Belle Alliance", une auberge située sur le
versant opposé du plateau occupé par les Coalisés. La
batterie de la Garde sonne tonne trois coups à intervalles réguliers, c'est
l'attaque. L'empereur
à comme objectif la prise du village de Mont Saint-Jean, la perpendiculaire
imaginaire tracée de "La belle Alliance" au village de
Mont Saint-Jean coupe la ligne de front des coalisés en deux presque son
centre: Ceci dans
le but d'appliquer sa tactique préférée , couper la ligne de front en deux,
puis se rabattre sur les deux ailes et les battre séparément . Afin de
tromper l'adversaire, une manoeuvre de diversion est tentée sur l'aile gauche,
le Prince Jérôme et le deuxième corps de Reille ont reçu l'ordre d'occuper
les abords d'Hougoumont. Ceci obligera Wellington à soutenir sa droite en dégarnissant
son centre. Ainsi, le
centre Anglais affaibli sera plus facile à percer. Notez que l'Empereur ordonne
la prise d'Hougoumont, pas du corps de ferme. Il n'existe pas de trace écrite
de cet ordre. Néanmoins Reille déclarera après coup qu'il s'agissait de
"tenir dans le fond, derrière le bois en entretenant en avant une bonne
ligne de tirailleurs" et qu'il avait maintes fois renouvelé cet ordre,
mais en vain. L'ordre verbal de l'Empereur est certain, car Reille n'aurait pas
engagé la bataille sans ordres formels de Napoléon.
Hougoumont
possède ce qui est décrit quelque fois comme un petit château , pas un château
de type médiéval, mais plutôt en fait une grande et solide bâtisse avec un
mur d'enceinte. Les
assaillis retranchés ici peuvent faire de sérieuses brèches dans les rangs
ennemis. Autour et derrière, un verger et également un petit bois. Ce dernier
est occupé par un bataillon de Nassau et une compagnie de carabiniers Hanovriens.
Le bois
est touffu , le 1eléger s'y engage, suivi par le 3e de ligne, une batterie
de canons du 2e corps ouvre le feu sur la position ennemie, une batterie
Anglaise postée au bord du plateau riposte, Les officiers Anglais regarde leur
montre; Il est 11h. 35. La bataille est engagée. Il faudra
une heure pour repousser les défenseurs, renforcés entre temps par des
compagnies de gardes Anglaises et arriver à 30 pas du corps de ferme. Emportés
par un élan fougueux , mais néfaste, les Français continuent l'assaut, et
viennent se heurter au mur d'enceinte percé de meurtrières. Un feu nourri et
précis les accueillent, puis les dispersent, l'assaut est brisé. Encore une
fois depuis le début de la campagne, les ordres sont bafoués. L'impétuosité
Française qui à offert tant de victoires à l'empire est aujourd'hui un danger
pour lui Le général
Guillemot, chef d'état major de Jérôme Bonaparte, conseille à ce dernier de
suivre les ordres et de tenir le bois simplement. Mais le Prince refuse et
ordonne à la deuxième brigade de Soye de relever la première brigade de
Baudouin, d'en intégrer les survivants, et de tourner Hougoumont par l'Ouest en
vue d'une attaque de la façade Nord du bâtiment. L'on à l'impression que
chaque homme présent sur le champ de bataille veut battre les coalisés à lui
tout seul. Cette
colonne un peu chaotique va devoir louvoyer à moins de six cents mètres des
batteries Anglaises. Lorsque, enfin ,elle arrive à l'entrée nord, et malgré
que le Lieutenant Legros ai réussi à enfoncer un battant de porte et à pénétrer
dans la cour avec quelques soldats, l'attaque est un échec. Legros et ses
hommes sont fusillés à bout portant, tandis que dévalent des pentes du Mont Saint
Jean quatre compagnies de Coldstream envoyées en renfort par Wellington. Les
Français pris entre deux feux doivent se replier. Pourquoi n'avait t'ont pas
canonné à outrance ce bâtiment avant de porter l'assaut, c'est une des
nombreuses questions qui vont faire de cette bataille une des plus controversées
de l'histoire, en ce qui concerne l'efficacité du commandement Français. L'Empereur
pendant ce temps prépare une concentration d'artillerie pour pilonner le centre
Anglais, composée des batteries du 1er corps et des batteries de la Garde, 80
pièces au total placées en avant et sur la droite de la "Belle
Alliance". Le soleil
maintenant à fait son apparition, et chauffant la terre mouillée provoque une
petite brume bien connue des gens du Nord. Un aide de camp de Ney vient aux
ordres, Napoléon jette un dernier coup d'oeil sur le champ de bataille avant
qu'il ne soit masqué par la fumée de la grande batterie qu'il vient de mettre
en place. Surprise et inquiétude; A deux lieues au nord-est, un nuage sombre
semble sortir du bois de la Chapelle Saint Lambert. Napoléon consulte son
entourage à propos de ce nuage, certains n'y voient rien, d'autre des Français,
d'autre des Prussiens. L'Empereur dont le coup d'oeil est légendaire, lui,
sait. Beaucoup trop loin pour distinguer les uniformes, il a quand même reconnu
un mouvement de troupe. Très vite, il sera fixé, un sous-officier du 2e
lanciers de Silésie fait prisonnier lui apprend ce qu'il redoutait; les
troupes aperçues sont l'avant garde de Von Bülow, commandant le 4e
corps Prussien fort d'environ 30.000 hommes. L'Empereur
n'est toutefois qu'à demi surpris, mais inquiet. L'armée Prussienne qui selon
Grouchy faisait route sur Bruxelles opérait un mouvement de flanc pour
rejoindre Wellington, laissant le 3e corps de Von Thielmann sur place
pour faire écran et tromper Grouchy. A ce moment précis, Napoléon sait que
les Prussiens peuvent déboucher sur son aile droite, ou pire, fondre sur
ses arrières en coupant sa retraite. Du reste c'est précisément ce qu'il vont
faire en arrivant sur le champ de bataille. A moins que Grouchy ne s'interpose,
la partie est dors et déjà mal engagée car l'initiative va échapper à
l'Empereur. Napoléon fait ajouter un post-scriptum à la lettre que Soult écrit à Grouchy, il signale la présence du corps Prussien, et presse le Maréchal de rejoindre au plus vite le champ de bataille. Les archives du ministère de la guerre sont formelles, les ordres pour Grouchy sont de rejoindre l'Empereur. Le message est parti, mais est-il arrivé, ou tout au moins arrivé à temps ?. Il semble bien que l'officier chargé de porter le message se soit égaré, et que le message soit arrivé trop tard. Quoi qu'il en soit, le Maréchal Grouchy n'a pas opéré de mouvement pour rejoindre. L'Empereur demandera à Soult combien il avait envoyé de messager à Grouchy, Soult répondra "Un, sire" ce qui fera dire à Napoléon: "Ah Monsieur, Berthier, lui, en aurait envoyé cent". Napoléon
pense un temps déborder la droite Anglaise en glissant ses troupes sur la route
de Nivelles sur la gauche afin de préserver sa ligne de retraite. Mais ceci
prendrait encore du temps, son ennemi aujourd'hui, et surtout Napoléon a jugé
que la droite Anglaise est plus forte que son centre. Ce qui est confirmé
aujourd'hui. L'attaque aura lieu comme prévu, sur le centre gauche Anglais. A
partir de ce moment Napoléon sait que cette bataille sera un vrai "coup de
poker". Wellington aussi, le sait. Mais surtout tous deux savent que l'on
ne gagne pas une bataille "sur le papier". Tout peut arriver, un
bataillon peut flancher et entraîner avec lui le recul de la ligne de bataille
, pire, la rompre. Des ordres mal traduits peuvent entraîner une catastrophe.
Etant donné que sur un champ de bataille, le principal facteur est humain, tout
peut arriver. Deux
divisions de cavalerie légère, celle de Domon et Subervie sont détachées sur
la droite de la ligne Française afin d'observer l'ennemi, de gêner ses
mouvements et de rallier les têtes de colonnes de Grouchy dès qu'elles apparaîtront.
Le comte Lobau et son 6e corps reçurent l'ordre de se placer en potence
entre la droite Française et ces corps de cavalerie, afin de contenir une éventuelle
attaque Prussienne. Une partie des troupes Françaises qui devait être engagée
contre Wellington est maintenant placée en réserve, et donc hors offensive. L'empereur
est privé par obligation d'une partie de ses troupes pour l'assaut du centre
Anglais, mais il n'a pas le choix. Il doit protéger son flanc droit et ses arrières.
L'avenir confirmera la justesse de ce choix. Fait rarissime, dès ce moment,
Napoléon va subir les événements. Napoléon
déclare à Soult "Nous avions ce matin 90 chances pour nous, nous en avons
encore 60 contre 40, et si Grouchy répare l'horrible faute qu'il a commise en
s'amusant à Gembloux et marche avec rapidité, la victoire en sera plus décisive
car le corps de Bülow sera entièrement détruit". L'Empereur ignore à ce
moment que Von Bülow n'est pas seul.
L'attaque
de Drouet d'Erlon L'attaque
générale commence par une canonnade d'une demi-heure. Wellington fait reculer
ses lignes de 100 pas. Puis, le silence. Les batteries suspendent le tir pour ne
pas toucher le 1er corps de d'Erlon qui monte à l'assaut. On le saura
plus tard, à cause du sol détrempé et d'un repli de terrain, cette
canonnade monstrueuse fut inefficace, en tout cas pour être plus précis, pas
aussi efficace qu'elle aurait du l'être. Le soldat coalisé touché par un
canon Français ce jour là fût bien malchanceux. Les boulets ne ricochent pas,
traçants de longs sillons inutiles dans une terre détrempée qui les absorbe.
Les obus à mèches s'enfoncent et explosent en soulevant une gerbe de terre
boueuse particulièrement inoffensive. Cette attaque commandée par Ney et d'Erlon sera catastrophique, une erreur grossière de disposition des troupes va précipiter quatre divisions au-delà d'un échec certain. Selon toute logique militaire, les troupes auraient du être placées en colonnes d'attaque, de façon à pouvoir opérer des mouvements rapides, et particulièrement favorable aux formations en carrés. Ney et d'Erlon ne peuvent l'ignorer. Les trois divisions adoptent la pire formation qui soit dans ce type de configuration, un front compact de 160 à 200 hommes sur 24 de profondeur chacun. La quatrième, celle de Durutte qui ne se plie pas à cette ordonnance monte en colonne. Les trois autres divisions vont présenter un front le plus large possible aux canons, aux fusils, ainsi qu'une particulière vulnérabilité aux attaques plus que probables de la cavalerie. Il est
vrai que l'étroitesse du champ de bataille ne favorisait pas les grands
mouvements, ni les forts déploiements de troupes.
La, va se
jouer le premier tournant de la bataille, les Français montent à l'assaut au
cri de "Vive l'Empereur!!" Le choc est violent et bref ; Les coalisés
sont enfoncés, déjà les cuirassiers de la brigade Travers et les tirailleurs
de d'Erlon semblent couronner le plateau, suivis à quelques pas du gros de
l'infanterie. Si ce corps réussi à se maintenir sur le plateau, la cavalerie
lourde de réserve pourra asséner le coup de massue et enfoncer le centre
Anglais, l'infanterie se chargeant d'élargir et de maintenir la brèche.
L'ennemi tient toujours ses positions dans les fermes d'Hougoumont, la Haye
Sainte et de Papelotte, mais ces positions seront débordées, prise entre
deux lignes Françaises, coupées de leurs arrières, de leurs renforts et de
leurs approvisionnements en munitions, et donc d'aucune véritable utilité défensive
à long terme. Il suffira par la suite de leur proposer la reddition ou de pulvériser
ses redoutes improvisées au canon. A cet
instant précis "Tout va à merveille", selon l'état-major Français. C'est
alors que l'ordonnance vicieuse des troupes de d'Erlon va démontrer son
principal défaut, en plus d'avoir au moins doublé les pertes pendant l'assaut,
elle va positionner les Français en une seule masse compacte, qu'il faut
maintenant déployer. A quelques pas seulement de l'ennemi. Cette masse piétine. C'est la
confusion générale, les régiments s'emmêlent .Les officiers hurlent, les
hommes tournoient, se bousculent; l'assaut est brisé net. L'ennemi peut réagir.
Et il le fait. Les Coalisés couchés dans les seigles pour éviter les projectiles se relèvent, et chargent dans un premier temps Donzelot occupé à faire se déployer ses troupes, Picton emmène les brigades Kempt et Pack au contact des Français en pleine manoeuvre. Marcognet
arrive à peu près à la hauteur de Donzelot et jugeant qu'il n'a pas assez de
place pour déployer ses troupes, est contraint d'aborder à la baïonnette le
92e Highlander qui le fusille déjà. Il ne peut opposer à la mitraille
Ecossaise qu'un pauvre feu de file d'un bataillon, il doit pourtant emporter la
position . Pendant ce
temps, Lord Uxbridge envoie contre les cuirassiers de Travers, les quatre régiments
de la Garde à cheval de Somerset. Les cavaliers Français apercevant l'ennemi
chargent, mais trouvent sur leur chemin un ravin. On s'élance, mais le temps de
remonter les pentes opposées, les Anglais sont là, ils couronnent les hauteurs
de l'autre versant. La charge Française est brisée, il faut suivre le ravin
pour se reformer plus loin. Plus loin, en suivant le ravin il y a une sablonnière,
on essaie de s'y reformer quand les régiments
Anglais portés par leur masse et le terrain descendant, fondent sur la brigade
en formation. Le gros de cette brigade est rompu. En
même temps, la brigade de Ponsomby (Royaux et Scots-Greys) se jette sur l'amas
composé par les divisions de d'Erlon. On y entre comme dans du beurre, c'est ce
que font précisément les Britanniques . Les Inniskillings fondent sur,
ou plutôt, se fondent dans la division Donzelot. La division Marcognet voit
soudain s'ouvrir les rangs des fusiliers Ecossais et par ces brèches débouler
les Scots-Greys aux cris de "Scotland Forever!!" . C'est la confusion
générale dans les rangs Français. Les Impériaux re-dévalent les pentes avec
au milieu d'eux les cavaliers ennemis qui les sabrent. Ce flot entraîne au
passage la brigade Bourgeois ainsi que la brigade Quiot qui doit, elle, stopper
son attaque sur la Haye-Sainte. La division de Durutte au dessus de Papelotte désormais
sans protection est chargée de flanc par des dragons Anglais, Hollandais
et les hussards Belges. Elle réussie néanmoins à se replier en bon ordre. Il
ne reste plus de Français vivants sur le plateau. Le sol est couvert de morts
pour la plupart Français, tout est à refaire. Les
cavaliers Britanniques excités par cette facilité poursuivent leur attaque et
charge le reste de l'armée Française. Lord Uxbridge qui a compris le danger,
fait sonner la retraite. Ses
cavaliers ne l'entendent ou ne veulent l'entendre, pas plus que les
Ecossais. Les Anglais sont décimés par les tirs de la division Bachelu, les
Ecossais bien qu'engagés durement par les lanciers de Martigue, se
dirigent tant bien que mal sur la grande batterie. L'Empereur lance alors deux régiments
de cuirassiers qui raccompagne près de leurs lignes les rares survivants Coalisés
de cette charge catastrophique. On
marque une pose dans la bataille, chacun rejoint ses positions. Voyant les corps
jonchant le terrain, un officier Anglais dira "On se croirait au lendemain
d'une grande bataille", mais la bataille vient juste de commencer . Nous en
sommes au même point qu'à 11 heures, à quelque chose près; Une
attaque a échoué causant des lourdes pertes aux Français. Le temps à passé,
rapprochant d'avantage les Prussiens du champ de bataille. Mis à part les régiments
de cavaleries précitées, les pertes des Coalisées sont minimes.
Les charges de Ney
15
heures; La roue tourne. Wellington
se conforme à son propre plan, résister en attendant les Prussiens, qui
d'ailleurs seraient les bienvenus. Il est averti de leur présence près du bois
de la Chapelle Saint Lambert depuis quelques temps. Dans l'état major Coalisé, on
craint de ne pouvoir résister à une seconde charge Française. Napoléon
n'est pas non plus très à l'aise, il vient de recevoir un message de Grouchy
lui indiquant qu'à 11 heure 30, il se trouve à trois lieues du Wavre,
et qu'il demande des instructions pour manoeuvre le lendemain. Il apparaît
clairement à l'Empereur que Grouchy ne viendra pas ou bien tard, à moins d'un
soudain et brusque changement d'avis du Maréchal, se portant au son du canon,
comme indiqué sur les ordres de Soult.
Certains
des officiers accompagnant Grouchy, dont Gérard, entendant le roulement du
canon au loin, lui font remarquer "Qu'il faudrait marcher à
l'Empereur", Grouchy réplique qu'il n'a pas d'ordre en ce sens. L'Empereur
à ce moment précis n'a pas d'autre alternative que d'attaquer et de rompre au
plus vite la ligne de front de Wellington. Positionner ses troupes sur la défensive,
signifie favoriser la jonction des deux armées coalisées et avoir à les
affronter au plus tard le lendemain. Même avec l'hypothétique renfort de
Grouchy, à plus de deux contre un dans une position qu'il ne connaît
pratiquement pas et qui ne sied pas à la façon de combattre de ses troupes; la
pure défensive, la victoire serait compromise. Il faut vaincre, vaincre à tous
prix. Vers 15
heures 30, dès que D'Erlon eut rallié ses troupes, l'Empereur ordonna à
Ney d'attaquer de nouveau la Haye Sainte, pour servir de point d'appui à
l'assaut final. Malgré un
soutien de la grande batterie. "Jamais soldat n'avait entendu une pareille
canonnade" ; L'attaque menée par les brigades Donzelot et Quiot échoue. Pourtant
quelques bataillons Anglais reculèrent pour se mettre à l'abri des boulets, et
au loin, des convois de blessés, de prisonniers et de fuyards partaient en
direction de la foret de Soignes. Ney,
se trompant alors sur ce mouvement qu'il prit pour un début de retraite, décida
de forcer le destin en emportant le plateau avec une gigantesque charge de
cavalerie. Son aide
de camp, demande alors au général Farine, sa brigade de cuirassiers. Farine
s'exécutant, vit soudain son mouvement stoppé par ordre du général Delort,
commandant la division. "Nous n'avons d'ordre à recevoir que du comte
Milhaud". Ney, irrité
se dirige à la rencontre de Delort, exigea non seulement la brigade de Farine,
mais également tout le reste du corps, soit six régiments . Delort lui
aurait alors répondu que c'était une imprudence sur ce terrain. Il réussi néanmoins
à placer en réserve derrière un mamelon les carabiniers. Ils seront bientôt la seule réserve
lourde de cavalerie. Delort obéit
au Maréchal, et alors que cette division avançait vers les Anglais, la
cavalerie légère de la Garde lui emboîta le pas, après que Ney eu parlé à
son commandant, Lefevre-Desnouettes."Je vais attaquer, soutiens moi".
Ensuite, dans un élan d'impatience et ne voulant pas manquer l'occasion de
sabrer l'ennemi, la quasi totalité de la cavalerie Française s'ébranla derrière
le Maréchal.
L'Empereur
avait évoqué une charge de cavalerie, mais il était convenu que celle ci
devrait se faire, comme à l'habitude , sur son ordre uniquement. Lefèvre-Desnouettes,
qui devait être au courant de cette grande charge, a t'il cru que Ney avait reçu
l'ordre de Napoléon ?. L'Empereur n'avait t'il pas dit: "Je ferai jouer ma
nombreuse artillerie, je ferai charger ma cavalerie et je marcherai avec ma
Vieille Garde". Napoléon d'ailleurs ne dira pas qu'il n'avait pas
l'intention de procéder à une charge de cavalerie, il dit simplement
" Ce mouvement fut prématuré", dont trop tôt, mais bien prévu. Notez ici
un élément important: Napoléon à l'intention d'engager sa Vieille Garde. Il
l'a fait deux jours avant, engageant même ses deux régiments sacrés le
1er Grenadiers et le
1er Chasseurs, fait rarissime. Ceci pour répondre aux détracteurs
qui prétendent que Napoléon à perdu pour avoir hésité à engager la Vieille
Garde. Du reste, pour soutenir la Jeune Garde à Plancenoit , c'est deux
Bataillons des 2e régiment de Grenadiers et de Chasseurs qui iront au
contact, alors qu'il dispose du 3e et du
4e de chaque Corps. Attention,
prévu, mais selon les circonstances. Quoi qu'il en soit Napoléon n'a pas pu,
de l'endroit ou il était posté, la maison Decoster, ne pas voir le mouvement
de ces milliers de cavaliers, dont ceux de sa Garde. Il est probable que Ney
pensant que Napoléon voyant sa manoeuvre et n'intervenant pas, c'était un
accord tacite de l'Empereur. Mais l'Empereur pour l'instant ne voit pas une
charge, mais un mouvement de cavalerie en vue d'une charge, et pense peut être
que Ney comme à l'habitude viendra son chapeau à la main quérir l'ordre
d'attaquer. Pour Napoléon, Ney doit former ses escadrons en vue de l'attaque prévue.
Napoléon observe la ligne de Wellington, ce que pense Ney est inexact, les Anglais ne retraitent pas, ils renforcent au contraire leurs lignes. Wellington et son état major observent anxieusement les lignes Françaises. Les officiers coalisés craignent de ne pouvoir résister à une deuxième attaque générale d'infanterie . Il s'attendent à tout. A tout sauf à l'improbable, à l'incroyable. Lorsque les Coalisés réalisèrent qu'une gigantesque charge de cavalerie était lancée sur eux, ils furent frappés de stupeur. "Ils virent monter sur eux une mer d'acier".
L'erreur
funeste La
stupeur de Napoléon dû être totale lorsqu'il vit s'élancer le Maréchal
suivi de sa cavalerie. Les Anglais qui virent cette charge s'amorcer n'en
crurent pas leurs yeux. Charger de l'Infanterie sans quelle soit gênée ou
engagée, voir ébranlée par un tir d'artillerie est suicidaire. Cela ne peut
que surprendre et bousculer les premières lignes des bataillons les plus avancés,
à la rigueur rompre quelques carrés, mais ensuite ? L'élan brisé, cette
cavalerie devra se replier pour se reformer et sera alors en position de vulnérabilité
totale. Sans renforts d'Infanterie pour soutenir l'action, cette manoeuvre est
de plus, inutile. Cette charge est tellement stupéfiante que les officiers
Anglais croient à une manoeuvre de diversion de Napoléon, se demandant ce que
Napoléon peut bien manigancer. L'erreur est tellement grossière qu'il
ne peut s'agir que d'une ruse. Pire, les soldats Anglais qui ont combattu aux Quatre-Bras, savent pour avoir déjà vécu cette situation que ce genre d'action à bien peu de chances de réussir. Il suffirait de résister comme ils l'avaient fait deux jours auparavant pour briser ces charges. Ney aussi doit le savoir. Le Maréchal se trompant sur le moral des Coalisés qu'il pense ébranlé, voulant emporter le plateau avec une gigantesque charge de cavalerie, soit. C'est une attitude concevable. Mais maintenant qu'il sait qu'il n'en est rien, pourquoi les autres charges ? Il est
vrai que si cette charge avait réussi, l'armée de Wellington se serait trouvé
fort mal en point. Pendant
ce temps, Blücher arrivé un peu plus tôt fait descendre vers la droite Française,
en direction et à l'abri du bois de Paris, le corps de Bulöw. Avant que celui
ci soit complètement formé, il lance de la cavalerie contre les divisions de
Domon et Subervie, qui n'ont pas pris la précaution élémentaire d'occuper les
abords du bois. Néanmoins, ces escadrons Français ne se font pas prier pour
charger à leur tour. Les cavaliers Prussiens sont battus, rompus et retraitent.
Les Français dans l'élan vont culbuter quelques pièces d'artillerie, puis
doivent se replier devant l'infanterie Prussienne. Ils retraitent à leur tour
en réserve, démasquant ainsi le 6e corps de Lobau placé en potence. La réserve
de la ligne est maintenant en passe d'être engagée.
Charge des cuirassiers français, Victoria et Albert Museum, London
La
Charnière Dégagé
maintenant sur sa droite à Plancenoit grâce à sa Vieille Garde, Napoléon
peut se concentrer sur Wellington, d'un rapide coup d'oeil, il constat un frémissement
dans la ligne Anglaise. Il pense que Wellington a engagé toutes ses
troupes, alors que lui possède sa formidable réserve, bien qu'une partie soit
engagée à Plancenoit: La Garde
Impériale : Un peu avant, Wellington demanda d'urgence l'aide du corps de
Zieten arrivé depuis peu, Zieten lui répondit qu'il interviendrait dès qu' il
aurait son corps au complet. Il envoya tout de même un officier pour évaluer
la position de son allié. Celui ci revint peu de temps après en déclarant un
peu exagérément que les Anglais étaient en pleine retraite, ce qui était
faux, mais qui laisse bien entrevoir la situation précaire de l'armée de
Wellington. Zieten décida de ne pas s'engager, jugeant la situation périlleuse
pour son corps d'armée. Il décida de rallier le corps de Bülow. Un officier
de liaison Prussien nommé Müffing, vint alors le supplier de rallier les
Anglais "La bataille est perdue si vous ne venez pas secourir le Duc de
Wellington" Zieten hésita puis repris sa marche dans sa première
direction. L'Empereur
rappelle à Ney son principal objectif, la prise de la Haye Sainte. Les défenseurs
sont presque à court de munitions, Wellington n'en a plus en réserve et envoie
deux compagnies à leur secours. Ney va
jeter sur la Haye Sainte le 13e Léger et un détachement du 1er génie.
On combat au corps à corps. Les Allemands qui résistent se battent maintenant
à l'arme blanche, les Français sont néanmoins maîtres des lieux, c'est un
nouveau tournant de la bataille. Le centre Anglais est maintenant directement
menacé. Ney fait installer une batterie à cheval et envoie un régiment
prendre la sablonnière, d'où décroche le 95e Anglais. Les
canons placés par Ney un peu en avant de la Haye Sainte tirent à moins de 300
mètres du centre des Coalisés et le régiment Français qui à pris pied à la
sablonnière les fusillent à moins de 80 mètres . Les débris de l'infanterie
Française regrimpent les pentes. Si le centre gauche résiste bien , la gauche
Anglaise est ébranlée et le centre droit est à bout de force. La droite
Anglaise est elle presque intacte. Les fuyards chez Wellington sont de plus en
plus nombreux. Incontestablement,
la ligne des Coalisés flanche, le centre est presque ouvert, Napoléon est proche
de la victoire. Les officiers Anglais viennent aux ordres, Wellington
répond qu'il n'y a pas d'autre ordre que de tenir jusqu'au dernier on l'entendra
soupirer "Pourvu que la nuit ou Blücher arrive". Les soldats Coalisés se battent
avec courage, mais l'on sent un flottement dans le centre. Evidemment un coup de
boutoir de l'infanterie Française eut été certainement décisif, mais chez eux
aussi, les rangs sont décimés et les soldats sont à bout de forces. Le
colonel Heymès est alors envoyé à
l'Empereur par le Maréchal Ney pour demander des troupes. "Des troupes, où
veut t'il que j'en prenne, veut t'il que j'en fasse !" s'écriera
l'Empereur. Il reste en réserve six bataillons de Vieille Garde et six
bataillons de la"Moyenne Garde". Mais désormais
sans cavalerie de réserve , Napoléon hésite à engager sa Garde car sa
position, toujours sous menace Prussienne n'est pas très confortable.
C'est
probablement à ce moment précis que le sort de la bataille se décide; Bon
nombre d'historiens pensent qu'une attaque de la Garde au complet à ce moment
précis sur le centre Anglais eût été décisive. Pourtant, entre le moment ou
Ney réclame de l'infanterie et l'assaut d'une partie de la Garde, il va se
passer environ une demi-heure. Une demi-heure qui va décider du sort du monde. Pendant
cette demi-heure, "le capitaine Du Barrail " des Carabiniers passe
à l'ennemi et dévoile à l'officier Fraser, qui prévient Wellington, les
intentions de l'Empereur. "Vive le Roi, préparez vous, ce bâtard de Napoléon
sera sur vous avant une demi heure avec sa Garde". Wellington prévenu de
l'attaque de la Garde parcourt le champ de bataille replace ses troupes sur sa
droite, la fait renforcer avec toutes les unités disponibles infanterie et
cavalerie, fait amener ses batteries de réserve et ordonna de ne plus tirer que
sur la Garde qui allait donner l'assaut. Le piège est en place. Plusieurs témoignages
sont formels, Wellington de son emplacement et à cause de la fumée avait
fort peu de chance de voir le mouvement de la Garde, il n'en parle d'ailleurs
pas. S'il l'avait vu s'ébranler, et après avoir déterminé sa direction, il
aurait été trop tard pour renforcer sa droite comme il a pu le faire. La
trahison de cet officier aura de très lourdes conséquences sur la suite de la
bataille. Pauvres carabiniers, couverts de gloire en cette journée, l'on assure que pas un n'a survécu à la bataille, à part bien sûr cette officier. Il est difficile de dire si les carabiniers ont été anéantis, mais ce qui est sûr c'est qu'ils ont subi de très lourdes pertes en ce jour funeste. L'histoire confirme officiellement dans les rangs des officiers des deux régiments engagés (1er et 2e Carabiniers) la perte d'un major, d'un chef d'escadron, de deux capitaines, de quatre lieutenants et de quatre sous-lieutenant, ce qui démontre que ces deux régiments ont particulièrement souffert. Si ces indications sont complètes, il y a forcément eu des survivants. Ce qui est
très étonnant, c'est que Wellington place ses troupes sur sa droite, à
l'endroit ou il est le plus fort, et donc le moins exposé. Plus troublant
encore, c'est à cet endroit incongru que précisément l'on envoie la Garde se
fracasser. Les officiers Anglais ne semble pas être au courant, car c'est après
avoir repoussé l'attaque, qu'ils furent étonnés de trouver des bonnets à
poils parmi les shakos. Napoléon
va confier l'attaque de la Garde au Maréchal Ney, en tous cas, le moins que l'on puisse dire,
c'est que l'Empereur n'est pas rancunier, après les "Quatre-bras" et
les charges à rater de cavalerie, il va encore lui confier
ses "Fidèles des fidèles". Surprenant choix, quand l'Empereur disait
quelques heures plus tôt à propos des charges de Ney. "Le malheureux,
c'est la deuxième fois depuis avant-hier qu'il compromet le sort de la
France". En tout cas, ce n'est pas parce qu'il n'a personne d'autre, Drouot
et Friant, généraux de la Garde sont d'excellent chefs, ainsi que la totalité
d'ailleurs des officiers de la Garde. L'Empereur va tenter l'assaut ultime et
briser le centre Anglais, espérant ainsi être en position favorable pour
contenir les Prussiens, voir même pour provoquer leur retraite du champ de
bataille. Ney se
voyant ainsi confier six bataillons de la Garde, dite Moyenne Garde dans le
langage courant, et part à l'assaut du Mont Saint Jean. Il place le 2e
bataillon du 3e grenadiers commandé par Poret de Morvan en réserve
sur un mamelon, à mi-chemin entre la Haye Sainte et Hougoumont.
Au moment
ou la Garde descend vers la Haye Sainte, le corps de Zieten débouche presque à
l'angle des deux lignes de bataille, cette fois ci, c'est critique, les troupes
Françaises commencent à se replier, et il faut que Napoléon lui même se
porte sur le front pour convaincre les troupes de maintenir ses positions.
L'Empereur pour éviter la catastrophe fit répandre le bruit de l'arrivée
imminente de Grouchy. Vu de loin, les Prussiens pouvaient faire des Français
forts convenables. Certains des soldats voyant s'avancer la Garde reprirent
confiance. la Garde va donner. La Garde allait asséner le coup de grâce et
Grouchy arrivant sur les derrières de l'ennemi, c'était bientôt la victoire.
L'Empereur utilise ici un subterfuge discutable, mais il n'a plus le choix des
moyens. Ce
dont ont est sûr, c'est que l'Empereur descend jusqu'à la Haye Sainte avec les
bataillons de la Garde en carrés. Logique, puisqu'elle est en carré depuis
l'arrivée des Prussiens à Plancenoit, elle descend donc dans cet
ordonnancement. Sûr, que Napoléon confie l'attaque au Maréchal Ney avec six
bataillons de la Moyenne Garde. Et que lors de la débandade de ces régiments,
l'Empereur est en train de faire manoeuvre la Vielle Garde afin de la placer en
colonne d'attaque, ce qui indique évidemment qu'elle ne s'y trouve pas . De
là, nous pouvons en déduire que si la Moyenne Garde était montée en colonne,
elle aurait dut manoeuvre en marchant. Même si la Garde est experte en manoeuvre, cela paraît improbable, mais néanmoins pas impossible.
Toutefois, il ne faut pas oublier que nous sommes sur un champ de bataille, pas
au carrousel, et qu'une charge surprise de cavalerie sur un bataillon en pleine
manoeuvre signifie pour ce dernier la déroute. L'exemple récent de Drouet
d'Erlon l'atteste. Il
est fort probable que la Garde monta à l'assaut en carré par échelon.
Cependant, certains officiers Anglais parlent de colonnes, mais à cette distance et gêné par la fumée, la méprise est possible, surtout de
flanc. Formation d'attaque discutable pour aborder de l'Infanterie, mais là, on
suppose que pressé par le temps, les chefs aient décidé de forcer le destin,
pas le temps pour la manoeuvre en colonne, plus vite le centre sera enfoncé,
mieux se sera. Il semblerait qu'à ce moment, l'on ne s'attend pas à affronter de
l'infanterie. Dans les rangs de la Garde, personne n'a connaissance de la
trahison de l'officier des carabiniers. Au lieu de
faire monter la Garde par la route de Bruxelles, où un repli de terrain
l'aurait protégé de l'artillerie Coalisée sur ses flancs, Ney fait
monter ces braves en biais, sur des pentes découvertes l'exposant ainsi à
l'artillerie et augmentant le chemin à parcourir, donc le temps d'exposition à
la mitraille. Personne de plus ne pense que les moins de trois mille hommes, à peine deux mille en abordant les Coalisés, vont se trouver nez à nez avec presque dix mille hommes et une grosse puissance d'artillerie. De nombreux historiens de toutes nationalités sont d'accord pour dire que si la Garde avait formé une seule colonne, elle eût très probablement percé le front de Wellington, mais peut être pas à cet endroit. Aussi étrange que cela puisse paraître, le Maréchal Ney ne porte pas l'attaque sur le point le plus faible , mais sur le point le plus fort de la ligne Coalisée. Il
est difficile en histoire d'affirmer les choses avec certitude, d'autant plus
que ce jour là, les témoins directs sont nombreux, mais chacun raconte
"sa" bataille. Il est évident qu'un témoin placé à gauche n'a pas
vu la même bataille qu'un autre témoin placé à droite ou au centre. La fumée
et les accidents de terrain rendaient impossible une vision globale impossible.
Les témoignages des hommes de troupes sont précieux , mais limités géographiquement
à leurs environnements immédiats. Il est fort peu vraisemblable qu'un soldat
Ecossais par exemple, puisse identifier à trois cent mètres tel ou tel régiment
Français. L'épisode de la bataille de Ligny ou des Français identifient comme
ennemie une colonne Française laisse perplexe quant aux témoignages directs
des combattants. Alors
imaginez l'armée coalisée de Waterloo ou plusieurs nations étaient
représentées. De plus, certaines d'entre elles ayants servies sous Napoléon,
la coupe de leurs uniformes était très proche de l'uniforme Français.
N'oublions pas que pendant cette période des cent jours, l'armée Française
manque de tout, et que dans certains régiment, le mot uniforme perd sa
signification. Même dans la Garde.
Quant aux
officiers supérieurs, la vision du champ de bataille est fonction de leur
nationalité. Les Prussiens affirment que sans eux Wellington était battu, les
non Britanniques Coalisés disent que de toutes façons les Français n'étaient
pas passé, les Anglais prétendent qu'eux seuls ont été efficace, les Français
ne jurent que par la trahison, et trouve en Grouchy, récent Maréchal, un
bouc émissaire parfait.
Grouchy Musée Royal, Bruxelles. Grouchy, qui mangeât des fraises à Wavre, au lieu de marcher aux canon.
Il
attendait Grouchy, c'était Blücher Von
Thielmann fait écrire à Blücher, qu'engagé près du Wavre par les Français , il ne peut se rendre sur le champ de bataille, et qu'il demande du
secours. Blücher se moque éperdument de son général. Qu'importe si son corps
est écrasé à Wavre si la victoire est certaine ici. Grouchy après une
superbe manoeuvre, rejoindra les frontières Françaises avec son corps d'armée
intact. Victime expiatoire de la défaite de
Waterloo, Grouchy porte sur ses épaules le poids de la tragédie. Il est
vrai que son refus de se porter sur le champ de bataille, malgré les ordres de
l'Empereur constitue une faute majeure. Etonnante, cette propension chez les maréchaux
et officiers supérieurs à accumuler les erreurs sur une si courte période de
temps. Grouchy, sûrement le plus célèbre méconnu des maréchaux est
loin d'être un lâche, tout comme Ney. Cavalier hors pair, il porte sur son
corps quatorze cicatrices reçues au combat. Napoléon l'a lui même élevé au
rang de Maréchal récemment. Il se trompait rarement sur le jugement des
hommes, surtout sur la valeur de ses soldats. " Je veux qu'on exécute mes
ordres ponctuellement, sur un champ de bataille, moi seul sait ce qu'il faut
faire" disait l'Empereur. Etre fin tacticien n'était donc pas nécessaire. Pressé par ses généraux afin de rejoindre le champ de bataille. Grouchy ignora superbement ces conseils pourtant avisés. Grouchy fut jugé par l'opinion publique comme seul responsable de la défaite, un peu hâtivement et injustement. Les torts sont à partager avec Ney et Napoléon lui-même, qui depuis un certain temps avait une fâcheuse tendance au "laisser-faire". Napoléon ne pouvait être égal à lui même qu'avec le pouvoir de la dictature absolue, c'est paradoxalement pour ne pas l'avoir voulu prendre quelque semaines plus tôt que sa chute était presque annoncée. On a parlé aussi de léthargie et de crise d'hémorroïde aiguë. Napoléon est très fatigué depuis son retour de l'Ile d'Elbe. La carrière exceptionnelle et fulgurante à vieilli prématurément cet homme. Sa santé est précaire, il porte depuis son retour sur le visage un teint verdâtre, il ne semble plus être animé de la même flamme. Il est surtout très seul, et à beaucoup souffert des défections et des revirements de certains de ses anciens fidèles. Désormais, il semble subir plutôt que d'agir. "Et puis, ça ira comme ça pourra" l'a t'on entendu dire avant son départ en campagne.
L'assaut
final L'Empereur
reste près de la Haye Sainte avec les trois autres bataillons de la Garde, le 2e
bataillon du 2e régiment de Grenadiers et de Chasseurs, emmenés
respectivement par les généraux Roguet et Christiani et le 2e
bataillon du 1er Chasseurs, commandé par
le général Cambronne.
Tous sont de la Vieille Garde. L'Empereur les fait s'ordonnancer en vue d'une
attaque avec un bataillon au centre déployé et deux en colonne sur chaque
flanc. Il peut ainsi soit appuyer l'attaque de Ney, quoique improbable, soit
porter un autre coup de boutoir au centre droit Anglais, soit les placer en vue
de faire front à une offensive Prussienne. Toutefois
la volonté de les ordonnancer de la sorte indique que la Garde va partir à
l'attaque, à ce moment précis Napoléon est toujours occupé à une offensive.
Pendant ce
temps, Ney emmène ses bataillons toujours en carrés à l'assaut de Mont Saint
Jean. La Ligne reçoit l'ordre de seconder son attaque. L'artillerie
à cheval de la Garde se glisse dans les espaces laissés entre les carrés,
quelques Grenadiers à Cheval survivants du carnage vont seconder leurs frères
d'armes. Ils
s'avancent bravement contre la moitié de l'armée Anglaise. Les cinq échelons
vont bientôt être quatre, les deux bataillons du 3e chasseurs s'étant
rejoints et confondus. Sur la droite, le 1er bataillon du 3e
Grenadier, ensuite le 4e Grenadier plus à gauche
le 1er et 2e bataillon du 3e Chasseurs
confondus ensuite le 4e Chasseur. La Ligne reçu
l'ordre de seconder cette attaque, mais Reille à pris du retard et est
maintenant distancé, trop loin pour être efficace. La Garde s'avance seule sur
les Coalisés prévenus et préparés à l'attaque. Ney qui vient de perdre son
cinquième cheval tué sous lui monte à pied à côté du général
Friant. L'artillerie anglaise tire à double charge de mitraille, la Garde est
battue de front par l'acier ennemi. Les "Serrez les
rangs" sont répétitifs, les carrés rétrécissent. "A chaque déflagration,
les Français ondulaient comme blé au vent", raconte les Anglais. Bientôt
à portée de tir des fusils, le calvaire de la Garde commence. Le
1er bataillon du 3e Grenadier emmené par Friant engage et met en déroute
un corps de Brunswick, prend deux batteries Anglaises et aborde la gauche de la
5e brigade Britannique du Major Général Sir Colin Halkett (4
bataillons). Puis refoule le 2e bataillon du 30e régiment
(Cambridgeshire) ainsi que le 2e bataillon du 73e régiment.
(Highland) qui reculent en désordre. Le général
Friant, qui vient d'être blessé retourne près de l'Empereur pour lui annoncer
que "Tout va bien". Car les faits se déroutants sur une hauteur, il
est impossible de les voir des lignes Françaises. C'est vraisemblablement à ce
moment que Napoléon fait mettre en colonne d'attaque sa Vieille Garde pour
attaquer les Prussiens, en effet l'Empereur n'a aucune raison de porter une
attaque à un endroit ou "Tout va bien", sachant que les Prussiens
menace très sérieusement sa droite, c'est la qu'il décide de se porter.
Ensuite il fera faire manoeuvre sur sa droite, la Garde qui vient de monter dès
qu'elle en aura fini avec les Anglais, puis il remontera à la Belle alliance
rechercher le 1er
de la Garde, le lancera sur Plancenoit, puis après en avoir
chassé les Prussiens continuera sa marche avec les troupes de la Garde déjà
présentent à Plancenoit droit sur les Prussiens. Le tout en appui avec la
ligne. C'est en tout cas le scénario le plus vraisemblable, maintenant que l'on
pense l'armée de Wellington sur le point de rompre, on va se porter tout
naturellement au devant des Prussiens, mais cela n'est que mon opinion. Le Général
Belge Chassé, ancien officier Impérial, fait avancer la batterie Van der
Smissen et prend de flanc le carré du 3e Grenadiers de la
Garde déjà mal en point . Sortant de sa réserve, la brigade Detmer
forte de 3.000 hommes écrase le faible carré Français qui doit contenir moins
de 400 hommes maintenant. Les grenadiers refoulés et rompus sont rejetés au
bas de la pente, gravie si chèrement. Le 4e
Grenadier (Un seul bataillon) avec à sa tête le général Harlet, engage
pendant ce temps la droite de la même Brigade Colin Halckett, le 2e
bataillon du 33e régiment (1er West Riding) et le 2e
bataillon du 69e régiment. (South Lincoln) .Bien que fortement ébranlé,
les Coalisés résistent. Halkett le drapeau du 33e à la main, tombe
grièvement blessé. Les balles pleuvent de part et d'autre. "C'est à qui
tuera le plus longtemps", rapporte un soldat Anglais. Episode célèbre, le bloc composé du 1er et 2e bataillon du 3e Chasseurs emmené respectivement par ses chefs le général Michel et le Colonel Mallet s'avance en direction du chemin creux de Ohain, distant de quelques dizaines de mètres. Devant eux un champ de blé, jaune doré d'abord, puis soudainement rouge, puis feu. Les 2.000 gardes de Maitland rangés sur quatre rangs se lèvent d'un bond et fusille la Garde à moins de vingt pas. Ils étaient couchés attendant l'attaque de la Garde. Wellington en personne les commande, il est au bon endroit au bon moment. Le choc
est effroyable, après le "carton" de l'artillerie sur ces Chasseurs,
la fusillade tue net presque la moitié des deux bataillons. La ligne loin derrière
déclarera que la fusillade était si intense qu'ils n'entendait plus leur
propres coups de fusils. Il ne doit guère rester plus de 400 hommes maintenant.
A la prochaine salve, si un Anglais sur cinq fait mouche, l'échelon sera
purement et simplement anéanti. Aussi brave soit il, aucun guerrier n'arrête
les balles. Le général Michel est tué net. L'attaque est brisée, les
premiers rangs sont fauchés, il faut désormais enjamber les cadavres. Comme si
l'ouragan n'était pas suffisant, les batteries Anglaises Ramsay et Bolton
crachent leur mitraille sur les flancs de cette misérable poignée d'hommes.
Malgré tout, la Garde essaie de former une ligne pour répondre au feu Anglais.
On se fusille encore, les rangs Français s'éclaircissent, les Gardes de
Maitland désormais rassurés à près de 10 contre 1 chargent à la baïonnette.
Contre toute attente, et fidèle à elle même, la Garde, ou ce qui l'en reste,
attend l'assaut, obligeant les batteries Anglaises à cesser le tir, pour ne pas
blesser les leurs. Instant de répit sur les flancs pour prendre de face
un choc dont l'inertie de la masse seule fit décrocher les survivants Français.
Les débris des deux bataillons de Chasseurs sont balayés du plateau, et se
retrouvent en bas de la pente, Anglais et Français pêle-mêle.
Le
bataillon du 4e Grenadiers suivant son chef; le général Henrion, débouche
soudain et tente de dégager ses compagnons d'armes qui viennent d'être refoulés.
Les Gardes de Maitland à sa vue remontent les pentes aussi vite qu'ils l'ont
descendu. Chasseurs survivants et Grenadiers se reforment et remontent
à l'assaut, de nouveau sous la mitraille. A peine franchi le chemin d'Ohain, la
brigade Adam forte d'un bataillon du 52e (Oxfordshire), du 71e
léger (Highland) et de six compagnies du 95e Rifles, qui s'était
portée en potence sur les flanc de la Garde ouvre le feu. La Garde meurtrie est
de nouveau fusillée. Les Gardes Anglais de Maitland, s'arrêtant de courir font
demi tour et recommence à tirer sur les Français, épaulés par la brigade de
Colin Halkett . Comme si cela n'était pas suffisant, les Hanovriens de William
Halkett débouchant d'Hougoumont fusillent dans le dos les survivants Français.
Le Colonel Mallet tombe mortellement blessé. Les Coalisés voient néanmoins
avec stupeur les débris du bataillon des Chasseurs se déployer face au Gardes
de Maitland, les Grenadiers faisant marche sur la brigade Adam. La fusillade
continue. Le colonel Colborn entraîne le 52e à la baïonnette, puis
toute la troupe Coalisée à sa suite, les Chasseurs et les Grenadiers sont
refoulés par cette marée humaine et retraitent, c'est la déroute.
Les
Prussiens à Plancenoit Voyant
déboucher Blücher, Lobau contre toute attente l'engage, les Français sont 1
contre 3, mais composé de bonnes troupes, le 6e corps Français fait
mieux que résister, et entrave sérieusement l'avance de Blücher. Le chef
Prussien comprenant que son attaque risque d'avorter ou lui coûter trop cher en
hommes, fait déborder Lobau par sa droite, et se dirige vers Plancenoit, petit
village à droite de la réserve Française. Lobau pour éviter d'être tourné,
fait un mouvement rétrograde, mais surpris, ne peut placer qu'une brigade dans
ce village. Celle ci sera balayée par les Prussiens, beaucoup trop nombreux.
Aussitôt,
les troupes de Blücher se barricadent dans Plancenoit, tandis que Bülow, enfin
arrivé derrière eux , canonne le corps de Lobau. Certains de ses boulets tombèrent
au beau milieu de la Garde et de l'état major Impérial. La situation est à
cet instant critique; Les Français sont engagés sur deux fronts et leur
ligne de retraite est menacée. Napoléon décide d'envoyer la Jeune Garde de
Duhesme pour déloger les Prussiens du village de Plancenoit. Ce fût fait assez
rapidement, les jeunes troupes d'élites, pépinière de la Vieille Garde,
tirailleurs et voltigeurs vont repousser les Prussiens, un peu surpris de la
rapidité de la contre-attaque. Mais à peine chassés du village, les Prussiens
se reforment et chargent de nouveau. Plus bas,
le corps de Lobau commence à plier sous les coups de Bülow, et la Jeune Garde,
nonobstant une défense héroïque est chassée de Plancenoit par des Prussiens
ressaisis. De nouveau ils s'y installent, de nouveau ils canonnent les Français
et menacent leur ligne de retraite. Napoléon
fait alors mettre la Garde en carré face à Plancenoit, de la Belle Alliance
jusqu'au 1er de la Garde, toujours à Rossome.
Ces vieux
soldats vont dans une poignée d'heure entrer dans la légende. Napoléon
ordonne aux Généraux de la Garde Morand et Pelet de reprendre Plancenoit. Deux
bataillons de la Vieille Garde, le 1er du 2e Grenadier et
son homologue chasseurs, s'élancent au pas de charge. En vingt minutes ils
délogent les Prussiens à la baïonnette, sans même daigner tirer un coup de
feu. Puis les poursuivent sur six cents mètres, les repoussent derrières les
batteries de Hiller dont les servants s'enfuient à la vue des bonnets à
poils et des baïonnettes rougies de ces vétérans.
La Jeune
Garde sur les pas de ses aînés reprend position dans Plancenoit. La
Vieille Garde s'arrête, ne trouvant plus rien à culbuter, retourne à
Plancenoit et s'y barricade à son tour.
D'un seul
coup de boutoir de sa Vieille Garde, l'Empereur a stoppé net l'avance
Prussienne. Les
attaques de la cavalerie Française se poursuivent sur le plateau, Ney a débusqué
les cuirassiers et exhorté ces géants à charger avec lui. Ces charges
continuent, certains carrés Anglais sont rompus, mais la plupart résistent. Et
toujours ce même problème des canonniers Anglais. Dès que les cavaliers Français
s'approchent d'eux, ils les arrosent de mitraille, puis avant le choc, courent
se réfugier dans les carrés Anglais, sur lesquels les charges se brisent. Dès
que la cavalerie Française fait demi tour pour se reformer, ils ressortent des
carrés pour rejoindre leurs pièces, mitraillant les Français dans le dos,
puis de face lorsque ceux ci revenaient à la charge, pour courir se réfugier
de nouveau dans leurs carrés, et ainsi de suite... En temps "normal",
lorsqu'un canon ennemi était atteint, soit on l'emmenait, soit on l'enclouait,
c'est à dire que l'on plaçait une sorte de clou dans la lumière du canon
rendant impossible la mise à feu. Rien de la
sorte ne fut fait, on ne pensa même pas à les faire sauter avec la poudre
restante, ni à les renverser, ni même à briser les écouvillons. Plus facile
à dire qu'à faire sans doute, mais ces soldats dont la plupart expérimentés
ne manquaient pourtant pas de courage, l'avaient maintes fois fait. La cavalerie
Française va payer cher cette négligence. Pour
ajouter au massacre, les charges sont menées sur un terrain dont la superficie
est trop petite, ce qui ajoute à la confusion, et freine l'impact. Certains
chevaux sont tellement pressés qu'ils sont soulevés de terre. Waterloo est,
par rapport aux nombre de combattants, un des plus petits champs de bataille de
l'Histoire. Il
aurait fallu de l'infanterie pour seconder les attaques et garder le terrain
conquis. Ceci afin d'obliger les Anglais à adopter une formation vicieuse pour
à la fois résister à la charge de cavalerie en carré, mais alors exposé au
tir de l'infanterie pendant un court mais meurtrier moment. Puis se reformer
pour faire face à l'infanterie en adoptant une position large en ligne, mais
alors particulièrement vulnérable aux attaques de cavalerie. La fatigue jouant
sur ces soldats, s'épuisant en manoeuvres répétées, aurait pu infléchir
leur moral. De plus, leur puissance de feu d'artillerie serait devenue
inexistante, voir passée à l'ennemi et retournée contre eux. L'infanterie,
il y en a pourtant. A environ 1.300 mètres, attendent l'arme au pied depuis
plusieurs heures la division Bachelu et la brigade Jannin , soit 6.000 hommes du
2e corps de Reille. Lorsque Ney pense à les utiliser, la quatrième
charge vient d'échouer, les hommes et les chevaux sont fourbus et surtout moins
nombreux. Pire, les Anglais avaient compris que ces charges étaient vouées à
l'échec. Les charges Françaises font maintenant figure d'épouvantail. C'est
une question de temps pour les abattre tous. Il est
trop tard pour l'infanterie, de nouveau les canonniers Anglais sont à leurs pièces.
Quinze cents fantassins sont fauchés dès les premiers instants en gravissant
la pente. Si ces canons avaient été neutralisés. Maintenant, la cavalerie détachée
par Ney pour les soutenir est trop faible et fatiguée pour être efficace, plus
jamais cette cavalerie ne reprendra les canons Anglais. Les dernières
troupes de réserve de Wellington arrivent alors resserrer les rangs Anglais qui
commence à se clairsemé. Mais, au loin sur la droite, apparaît le corps d'armée Prussien de Zieten .
La
débâcle Le
cri de "la Garde recule", va sonner le glas de la Grande Armée.
L'inconcevable était arrivé. Pas tout à fait, certains soldats de la
Moyenne Garde portaient des bonnets à poils, d'où la confusion. Pour les
Anglais d'abord, qui crurent avoir repoussé la Vieille Garde, puis pour les
Français qui prirent les débris de la Moyenne Garde pour la Vieille Garde. En
tout cas, dans l'esprit qui régnait à ce moment là sur le front, la seule vue
de la Garde repoussée aura servie de déclencheur. Mais ne nous y trompons pas,
la Vieille Garde ne serait très vraisemblablement pas passée non plus. Ce
n'est pas la qualité des soldats qui est en cause. Des
rumeurs de trahisons circulaient depuis quelques jours, on avait retrouvé des
cartouches bourrées de son à la place de la poudre, la défection du Général
Bourmont passé à l'ennemi avec son état-major, les manoeuvres désorganisées
et les attaques inefficaces avaient semé le doute parmi les soldats.
L'enthousiasme montré par les Français n'était il pour eux qu'une façon de
se rassurer, d'essayer de conjurer le sort ?. Une phrase de l'Empereur revient
en mémoire, "Je gagne mes batailles avec les rêves de mes soldats
endormis" . De quoi rêvaient t'ils ces soldats, de paix , de foyers avec
femme et enfants ?. De cour Royale et de privilèges désormais perdus ? Aux cris
de " la Garde recule ", l'infanterie et les débris de la cavalerie
qui devaient seconder l'attaque s'arrêtent net, pétrifiés, et commencent à
redescendre la pente. Les têtes de colonnes Prussiennes abordent les fantassins
de Durutte à Papelotte. Un autre cri " Sauve qui peut, nous sommes trahis
! ! " se fait entendre sur le champ de bataille, la déroute commence. Quelques
soldats qui se battaient encore sont balayés, les Prussiens se ruent à
l'assaut. De la gauche à la droite, la ligne Française cède et se débande. Wellington
s'avance sur le bord du plateau et agite son chapeau, c'est l'assaut des troupes
Coalisées sur les fuyards, 40.000 hommes se ruent sur les débris de l'armée
Française. A cette vue, le peu d'infanterie qui tenait encore ses lignes fait
demi tour et regrimpe vers la Belle Alliance, on abandonne Hougoumont, la Haye
Sainte. La cavalerie Coalisée soudain plus courageuse, sabre les fuyards aux
cris de "No quarter!" C'est
la plus épouvantable confusion. Napoléon qui préparait l'attaque de la
Vieille Garde, sait maintenant qu'il est vaincu, mais espère organiser une
retraite cohérente. Il fait rompre la colonne d'attaque de la Vieille Garde et
la fait établir en carrés par bataillon, pour mémoire le 2e
bataillon du 2e Grenadiers , commandé par Roguet, le 2e
bataillon du 2e Chasseurs avec pour chef Christiani, et le 2e
bataillon du 1er Chasseurs avec à sa tête le futur légendaire
Cambronne. Ils sont positionnés à environ cent mètres sous la Haye Sainte, le
carré de droite sur la route de Bruxelles. Les
fuyards passent à coté des ces carrés, les hussards de Vivian se refusent à
les combattre, les contournent pour sabrer les fuyards, proie plus facile.
D'autres cavaliers coalisés les suivent, Napoléon lance contre eux ses
escadrons de service qui sont submergés. Non loin de la route, Ney tête nue,
l'uniforme déchiré et le visage noir de poudre, n'a plus qu'un tronçon d'épée
à la main. Il court rallier la brigade Brue de la division Durutte, seule
troupe de ligne qui se replie en bon ordre, les jettent dans la bataille en
hurlant, "Venez voir mourir un Maréchal de France". La brigade est
dispersée rapidement. Ney refuse de quitter le champ de bataille, et entre dans
un carré de la Garde. Les trois bataillons de la Garde repoussent sans peine la
cavalerie, mais les carrés sont une proie facile pour les fusiliers ennemis.
Les trois bataillons sont cernés de toutes part, mitraillés par l'ennemi, les
canons Anglais tirent à 60 mètres. L'empereur ordonne à la Garde de quitter
cette position intenable et de battre en retraite. Il galope ensuite vers la
Belle Alliance Les
bataillons de la Vieille Garde rejoints par le bataillon du 3e Grenadier
de Poret de Morvan, placé précédemment en réserve, entament leur retraite
pas à pas. Bientôt les carrés sur trois rangs deviennent triangles sur deux
rangs, tant les pertes sont lourdes. On trébuche à chaque pas, tous les
cinquante mètres il faut s'arrêter pour repousser une charge de cavalerie ou répondre
à un feu d'infanterie. La retraite est considérablement gênée par les
fuyards, la marche entravée par les cadavres. La Garde est écharpée par les
coalisés et bousculée par la ligne en déroute. Elle rétrograde entourée de
l'ennemi qui est à portée de voix. Des officiers Anglais crient à ses vieux
soldats de se rendre. Exaspéré par la situation catastrophique et les
incessantes sommations de l'ennemi, Cambronne à cheval au milieu d'un carré
leur lança son fameux "Merde!!" L'on prétend qu'un sous
officier rajouta" La Garde meurt, mais ne se rend pas". Cambronne
tombera de cheval quelques instants plus tard, blessé à la tête par une
balle, inconscient. Le célèbre tableau Anglais montrant Halkett faisant
prisonnier Cambronne au beau milieu de la Garde n'est qu'un tableau de gloriole
parmi de nombreux autres). Cambronne sera fait prisonnier et épousera par la
suite une.... Anglaise.
Il semble
que le fameux "Merde" du général Cambronne soit un euphémisme, car
plusieurs témoins ont déclaré : "Cambronne a dit aux Anglais d'aller se
faire f.....!" Il y eut même un procès à ce sujet. En tous cas, la bonne
version ne sera jamais connue. Seule certitude, Cambronne a dit quelque chose à
l'adresse des Anglais, et ça n'était sûrement pas un compliment. Et au fond
cela n'est pas très important. La chose la plus ennuyeuse est de voir souvent
Cambronne associé aux Grenadiers alors qu'il commandait des Chasseurs.
Le dernier carré, le soir de la bataille du 18 juin 1815. La
déroute est totale, les carrés de la Garde qui ont rejoint maintenant le
plateau de la Belle Alliance sont presque anéantis. Le crépuscule ajoute à
cette vision sa touche d'horreur. La confusion est telle que certains cavaliers
Coalisés se chargent mutuellement, la brigade Adam est prise pour cible par
l'Artillerie Prussienne. Dans
Plancenoit, c'est toujours le carnage, la Garde demeure inexpugnable. Les
Prussiens des divisions Hiller, Tippelkirsh et Ryssel doivent prendre le village
rue par rue, maison par maison, pièces par pièces. La résistance est
farouche. Le village est en feu, les débris incandescents s'abattent sur les
combattants, les toits de chaume s'embrasent. C'est un véritable enfer. Un
bataillon entier de la Jeune Garde est exterminé dans le cimetière. Son chef,
le général Duhesme est mourant. Plancenoit sera le tombeau de la Jeune Garde. Le
Tambour-Major Stubert du 2e grenadiers assomme les Prussiens avec le
pommeau d'argent de sa canne. On s'égorge comme à Ligny. Le Major Prussien Von
Damitz, est obligé de constater: "Il faut anéantir les Français pour
s'emparer de Plancenoit". Malgré
une défense héroïque, la Garde, ou du moins ce qu'il en reste, submergée est
chassée du village. Le général Pelet qui se trouve au milieu de l'ennemi avec
une poignée d'hommes et le porte-aigle des chasseurs de la Vieille Garde rallie
ses troupes qui reforment un carré au milieu de la cavalerie Anglaise, "A
moi chasseurs de la Vieille Garde, sauvons l'Aigle ou mourrons près
d'elle". Tous les Gardes valides entendant ce cri retournent se rallier
autour de leur emblème. De Plancenoit déboulent pêle-mêle Français et
Prussiens. A
Rossome, les deux impressionnants carrés du 1er grenadiers de la
Garde font blocs. C'est le corps d'élite de la Garde, l'élite de l'élite, la
crème de la crème, vous dirons les Anglo-saxons. Quatre sur dix sont légionnaires. Presque tous ont plus de quatorze ans
de service, et les soldats à trois brisques n'y sont pas rare (La brisque est
un chevron qui se porte sur la manche entre le coude et l'épaule, chacune
d'entre elle indique que son possesseur à effectué sept ans de service). La
taille moyenne du régiment est d'un mètre quatre vingt dix. Ces titans ont
pris position devant la maison Decoster à gauche et à droite de la route. Autour
d'eux, le sol est jonché de cadavres et de chevaux d'imprudents ennemis venus
provoquer ces briscards. Il y a aussi des cadavres de Français qui voulaient
chercher protection à l'intérieur des carrés. La sûreté des carrés est à
ce prix. "Nous tirions sur tout ce qui se présentait, amis ou ennemis, de
peur de laisser rentrer les uns avec les autres, c'était un mal pour un
bien" dira le Général Petit, commandant ce régiment. Les carrés sont débordés
par la droite ou par la gauche, toutes les charges ennemies sont repoussées.
Ces deux
bataillons tiennent tête à deux armées. L'Empereur qui à un moment a trouvé
refuge dans l'un de ces carrés, ordonne de quitter la position. Le 1er
Grenadiers commence sa retraite couvrant les arrières du fantôme de l'armée.
Il s'arrête tous les 200 mètres environ pour rectifier la face des carrés et
pour repousser l'ennemi qui depuis un moment hésite de plus en plus à charger
ces redoutes vivantes. Qu'importe, ils sont victorieux. La bataille est
presque terminée, et personne n'a envie d'en être le dernier mort. L'empereur
va rejoindre le 1er bataillon du
1erchasseurs de Duuring, apprend qu'il à repoussé
une attaque Prussienne qui visait à couper la retraite de l'Armée. Il lui
ordonne de suivre la colonne en marche, et de ce placer juste avant les
grenadiers, qui ferment la marche. Plus tard, les Grenadiers du 1er
de la Garde se mirent en colonne par section, l'ennemi n'osant plus l'attaquer.
Blessée à mort, la Garde l'impressionne toujours.
L'épopée
militaire Impériale vient de s'achever.
Sur
le champ de bataille, près de 60.000 hommes gisent sur le sol, tués ou blessés.
Certains blessés resteront sur le champ de bataille jusqu'au 21 juin, attendant des
secours débordés ou les pilleurs de morts. Charognards des champs de bataille,
ils achèvent blessés et mourants pour dérober uniformes ou le peu d'objets de
valeur que détiennent ses braves. Les Anglais fusillent sur place ceux qu'ils
surprennent. La haine est tenace, certains soldats Français blessés refusent
les soins des ennemis. Des officiers de liaison Prussiens affirmeront que le
lendemain des soldats de la Garde réfugiés dans les étages des maisons de
Plancenoit les ont copieusement insulté et arrosé de cailloux, faute de
munitions. Ceux là se battent encore. Une des plus célèbre bataille de l'histoire vient de s'achever. Laissant à Napoléon le dernier mot "A Waterloo, à commencer par moi personne n'a fait son
devoir".
Napoléon quitte le champ de Bataille.
Waterloo après la Bataille, National Army Museum, London Rien, sinon une bataille perdue, n'est aussi mélancolique
qu'une bataille gagnée.
Waterloo
! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !
Comme
une onde qui bout dans une urne trop plaine,
Dans
ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,
La
pâle mort mêlait les sombres bataillons.
D'un
côté c'est l'Europe et de l'autre la France.
Choc
sanglant ! Des héros Dieu trompait l'espérance ;
Tu
désertais, victoire, et le sort était las.
O
Waterloo ! je pleure et je m'arrête, hélas !
Car
ces derniers soldats de la dernière guerre
Furent
grand ; ils avaient vaincu toute la terre,
Chassé
vingt rois, passé les Alpes et le Rhin,
Et
leur âme chantait dans les clairons d'airain !
Pour plus d'information, voir le livre "Napoléon à Waterloo" de Yves Moerman au édition De Krijger 2005. contacter l'auteur : ym04@skynet.be
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